Une tribune de Françoise Ferré, Commissaire aux comptes et Professeur associée en charge de la filière Audit à l’ESSCA School of Management. Les ministres Bruno Le Maire et Nicole Belloubet souhaitent présenter au Conseil des ministres mi-mai un projet de loi visant à relever drastiquement les seuils d’intervention des auditeurs légaux dans les entreprises. La profession de commissaire aux comptes est massacrée, mais c’est la filière de formation tout entière qui est mise à mal.
Les études sont longues et exigeantes et la vie n’est pas tous les jours facile pour les milliers d’étudiants qui suivent les cours à l’université grâce au master Comptabilité - Contrôle - Audit appelé CCA par les intimes, ou les filières et majeures Audit dans les écoles de commerce. Ils doivent ensuite passer un examen d’Etat d’un niveau élevé pour pouvoir entamer leurs trois années de stage en cabinet.
Cette formation délivrée à la fois par les écoles de commerce et par les universités via le Master CCA puis par les cabinets est une formation d’excellence. Elle permet d’apporter rigueur, méthode de travail et valeur du travail.
Les dizaines de milliers de jeunes qui chaque année suivent ce cursus seront les futurs directeurs financiers, auditeurs internes, contrôleurs de gestion, créateurs ou repreneurs d’entreprises. Toute leur vie, ils utiliseront ce qu’aucune autre formation ne pourrait leur apporter : opportunité de découvrir des entreprises de tailles et d’activités différentes, appréhension des systèmes d’information et analyse des risques, méthodologie de contrôle et de cadrage et surtout, la rigueur. Ce passage en cabinet d’audit à Paris ou en région est un véritable tremplin dans la vie professionnelle.
Certes, le rehaussement des seuils ne touchera pas les grands cabinets internationaux qui continueront à embaucher et former des auditeurs mais tous les jeunes ne veulent pas travailler à Paris, tous ne souhaitent pas intégrer une structure anglo-saxonne et beaucoup de jeunes indéniablement ne pourront plus bénéficier de cette formation indispensable.
Nous devons être fiers de ce travail accompli depuis de nombreuses années et tout faire pour éviter de le voir anéanti par le rapport de l’IGF qui cumule données imprécises et non sourcées, la base de la rigueur académique !
Françoise Ferré,
Commissaire aux comptes et Professeur associée en charge de la filière Audit à l’ESSCA School of Management