Hubert Camus, Président du PEPS, dresse un tableau des différents statuts du travail indépendant évoqués dans le débat présidentiel, tout en montrant que le portage salarial est un statut qui pourrait répondre aux demandes à la fois des entreprises et des travailleurs.
Indépendants, Freelances, Auto-entrepreneurs, RSI… aujourd’hui nous sommes inondés de ces termes tantôt franco-anglais, tantôt siglés, ou bien composés…
Le débat présidentiel et les primaires ne sont pas exempts d’être la cause de ce patchwork terminologique. Si bien qu’à moins d’être expert sur la question, il est quasi-impossible de les différencier les uns des autres.
En effet, depuis l’officialisation des candidatures pour les primaires ou les élections présidentielles, chaque candidat s’applique à définir et présenter son programme pour 2017. Le chômage étant plus qu’une question d’actualité mais bien une question nécessaire à résoudre pour l’avenir de ce pays, de plus en plus de candidats se tournent vers les nouvelles formes d’emploi pour apporter les solutions à cette crise à l’emploi.
Le statut d’indépendant a ainsi toute leur attention. Se voulant celui qui proposera LA solution la plus adéquate qui résorbera le chômage, chacun souhaite apporter sa patte dans la définition de ce statut,… sans oublier celui d’auto-entrepreneur, de freelance ou sur le RSI.
La demande des travailleurs et des entreprises est claire et forte : d’un côté, les entreprises, en quête d’agilité, souhaitent pouvoir faire appel à des renforts ponctuels, le temps d’un projet ; de l’autre, les individus aspirent à plus d’autonomie dans leur vie professionnelle sans renoncer aux avantages d’une protection sociale. Cette équation à deux inconnus fait naître un constat qui est commun à chacun de candidat : il faut redéfinir et améliorer le statut d’indépendant, d’auto-entrepreneur et/ou de freelance et le RSI.
Et ce constat apporte son lot de mesures politiques qui se ressemblent sans pour autant s’assembler. Des plafonds de chiffre d’affaires rehaussés et un encadrement des pratiques mieux sécurisé pour les auto-entrepreneurs, une assurance maladie et une prévoyance renforcées pour les indépendants, l’apport d’un complément au RSI… Chacun y va de son grain de sel pour donner et assurer sécurité et flexibilité à ces statuts qui en manquent cruellement. Si certaines propositions peuvent être pertinentes, d’autres restent relativement difficiles à mettre en place ; l’augmentation du plafond du chiffre d’affaire de l’auto-entrepreneur, un renforcement de la protection sociale sans hausse des cotisations pour l’indépendant ou l’alignement du régime général avec celui du RSI, ne feraient que creuser les fonds publics et mettre en péril un système déjà extrêmement fragile.
En ce sens, ces statuts deviennent de véritables casse-têtes et apportent avec eux confusion et découragement. Pourtant l’évolution de la société et l’intervention récente des pouvoirs publics ont fait en sorte d’offrir à ce problème de « flexi-sécurité » un statut qui répond aujourd’hui aux attentes de chacun : le portage salarial.
Ce dispositif a le potentiel d’être à la fois nouveau et innovant mais également plus adapté à la demande entrepreneuriale, dans le sens où entreprises et indépendants trouvent chacun leur compte. En effet, le portage salarial implique une relation contractuelle tripartite entre un "Indépendant", un "Client Final" et une "Société de Portage" dans laquelle un salarié porté bénéficie d’une protection sociale maximale (assurance maladie, retraite et assurance chômage du régime général), pendant qu’il effectue une prestation pour le compte d'entreprises-clientes. Ainsi en alliant travail indépendant et protection sociale, le portage salarial permet d’apporter la sécurité recherchée par ces professionnels autonomes, et l’agilité voulue par les entreprises qui peuvent faire appel à une compétence externe pour une mission définie, en sécurisant la relation contractuelle (aucun risque de délit de marchandage, prêt de main d’œuvre ou requalification).
Par ailleurs, le secteur a le vent en poupe. Aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires de près de 700 M€ annuel, pour environ 200 sociétés porteuses et 70.000 consultants portés, le portage salarial affiche une croissance de 20 % par an. Ajouté à cela, l’adoption de la loi du 25 juin 2008, précédent son introduction dans le Code du Travail, l’Ordonnance du 2 avril 2015 et enfin son adoption avec la Loi Travail en 2016, fait du portage salarial le nouveau statut légalement reconnu et à suivre.
Indépendants, Freelances, Auto-entrepreneurs, RSI… Aujourd’hui la question qui se pose n’est pas de complexifier plus encore ces statuts à coups de mesures, mais bien de les simplifier. La recherche de cette amélioration est louable, néanmoins pourquoi s’évertuer à ne pas voir ce qui existe déjà ? Le portage salarial est l’une des solutions - pourtant encore relativement peu connu de la scène économique - qui pourrait résoudre l’équation de l’emploi et du chômage, sans pour autant délaisser ses parties prenantes.