Automatisation et gestion sécurisée des données comptables critiques sont-elles compatibles ?

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Une tribune de Serge Yablonsky, expert-comptable et commissaire aux comptes, CISA (auditeur informatique) pour INNEST.

Efficacité, fiabilité, gain de temps, amélioration de la productivité… En 2020, les avantages de la dématérialisation des données ne sont plus à prouver. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit des données comptables de l’entreprise, surtout si elles sont critiques ? Peuvent-elles, au même titre que la data opérationnelle, être robotisées ?

Dans les métiers du chiffre, certaines tâches peuvent être répétitives ou à faible valeur ajoutée. Leur gestion par l’humain est parfois source d’erreurs et de lenteur. De fait, dématérialiser et robotiser les écritures comptables permet d’une part de gagner un temps considérable mais aussi de positionner la comptabilité dans l’immédiateté, là où elle était par nature toujours en différé. Fini les longues lignes à remplir dans d’obscurs fichiers Excel. Economie de temps, d’argent, rapprochements automatisés avec les clients et intervenants, amélioration de la productivité : bienvenue dans ce monde optimisé que permet le digital ! Reste à savoir si les process de dématérialisation riment aussi avec fiabilité et sécurité, surtout lorsque l’on s’aventure du côté des données comptables critiques.

Critique, pas critique : comment définir si une donnée est sensible ?

Si les réglementations peuvent varier en fonction des pays, les données comptables sont toujours la traduction d’un événement opérationnel dans un environnement normé. De facto, dès qu’elle existe, une donnée comptable est critique. Ce sont ensuite le contexte, le secteur d’activité ou les processus clés d’une entreprise qui vont permettre de définir si telle donnée est plus sensible que telle autre. Dans certains cas, l’accent sera mis sur les ressources, dans d’autres sur les flux d’approvisionnement, les achats, certaines étapes de la production… Il n’y a pas vraiment de règles, tout dépend de l’entreprise.

Dématérialiser les données comptables critiques est-il risqué ?

Les aléas peuvent être de différentes natures. Le risque purement informatique des cyberattaques et de la perte ou diffusion de données sensibles, le risque structurel associé à l’outil et à l’attribution des droits, et le risque social lié à la gestion par un outil d’une tâche autrefois réalisée par l’humain. In fine, les dangers relatifs à la dématérialisation des données comptables sont principalement liés aux systèmes d’information et de gestion, à leur exploitation, et plus largement aux risques informatiques contre lesquels il convient – données critiques ou pas – de se prémunir.

Quid de l’avenir des professionnels du chiffre ?

En pratique, les entreprises ont eu tendance à robotiser d’abord leur partie opérationnelle avant de s’attaquer à l’automatisation du back office. La comptabilité a donc pris un peu de retard, mais elle est en train de le rattraper, et en 3D s’il vous plaît, c’est-à-dire en synergie avec l’automatisation des partenaires. Concrètement, certains documents comptables (commandes, factures…) peuvent s’échanger directement entre un client et un fournisseur par exemple. Dans tous les cas, l’automatisation des données comptables bouleverse le métier et oblige ses acteurs à une réorganisation globale. Accompagnement des entreprises dans la robotisation des processus et dans la dématérialisation des back offices, analyse plus fine des données financières (et non financières) collectées largement, business intelligence, développement des marchés de la confiance (tiers qui vient valider la véracité des données) et de la prédiction… les perspectives sont nombreuses, stimulantes et valorisantes pour la profession !

La révolution est en marche. Oui, les données comptables critiques peuvent (et doivent !) être dématérialisées. Loin d’être des menaces, la dématérialisation et la multiplication des données, qu’elles soient purement comptables ou pas, ouvrent un large champ des possibles pour les professionnels du chiffre. Adieu les tâches répétitives et la saisie des factures, vive les nouveaux modes de travail ! En business intelligence pour optimiser l’utilisation de la data, en attestation pour rassurer et en prédiction pour mieux anticiper et aller encore plus loin dans la gestion ! Des exemples existent à l’étranger, allons-y !

Serge Yablonsky, expert-comptable et commissaire aux comptes, CISA (auditeur informatique) pour INNEST

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