La prise de conscience environnementale, qui a débuté dans les années 70, a concordé avec l’émergence de la comptabilité environnementale. En effet, une nouvelle forme de comptabilité a été créée : la comptabilité sociale et environnementale. L’idée est de prendre en compte les comportements des entreprises en matière sociale et environnementale, les professionnels du chiffre ayant désormais un rôle majeur à jouer sur le sujet du développement durable.
Ainsi, afin de prendre en considération les capitaux naturel et social d’une entreprise, rien de plus évident que d’effectuer un bilan comptable sur ces sujets. A l’origine, dans le bilan annuel des entreprises, la dégradation des capitaux naturel et humain n’est pas prise en compte. La raison principale est que cette pratique est très peu développée, puisque dans les normes comptables internationales, rien n’est prévu en ce sens. Cependant, de nouvelles pratiques viennent donner de l’espoir à cette idée de comptabilité environnementale.
L’existence d’une méthode comptable permettant de traduire une dette écologique
C’est à Jacques Richard, Professeur émérite à l'université Paris-Dauphine, que l’on doit la méthode la plus développée en la matière : la méthode CARE. Elle a pour objectif de réconcilier l’analyse financière et le développement durable en reprenant les principes historiques de la comptabilité, c’est-à-dire la prise en compte des capitaux financiers, pour les étendre à la prise en compte des capitaux naturel et humain.
L’idée est de piloter une dette écologique dans le temps afin que les trois capitaux se montrent performants dans leur globalité, en créant du profit mais de manière plus vertueuse. Pour ce faire, ces trois capitaux sont mis au passif. La logique de non-dégradation du capital financier est transposée aux capitaux humain et naturel. C’est un véritable écosystème qui est alors instauré au sein de l’entreprise, dans le but de créer de la valeur tout en respectant l’intégrité physique et mentale des salariés. Ainsi, plus la dette écologique sera basse, plus l’entreprise sera performante.
Cette méthode, fondée sur la volonté de réparer la dégradation des capitaux dont l’entreprise est responsable, doit être un moteur de réflexion pour les chercheurs, afin de réglementer les outils comptables en prenant en considération les questions environnementales.
Un cabinet d’expert-comptable qui respecte l’environnement, c’est possible !
Créer ou reprendre un cabinet d’expert-comptable écoresponsable peut sembler une démarche difficile lorsqu’on a l’habitude de consommer du papier ou de l’énergie en abondance.
La solution est évidente : il suffit de changer ses habitudes.
C’est chose faite chez Axens, un cabinet d’expert-comptable qui a décidé de se mettre au vert. Christophe Perrier, Associé de l'entreprise, explique sa philosophie à ce sujet sur le site du cabinet : « Chez Axens, nous avons toujours misé sur l’écologie pour nous développer. Si de profonds investissements ont été effectués en ce sens, des actions simples et marquantes ont permis à notre entreprise de devenir véritablement écoresponsable. Il nécessite parfois peu de choses pour provoquer de profonds changements et pour agir quotidiennement en faveur de l’écologie. »
A titre d’exemple, dès 2013, le cabinet a décidé de mettre en place une gestion électronique des documents afin de limiter sa consommation en papier. Deux ans plus tard, c’est une décision plus radicale qui a été prise : celle de déménager dans un immeuble à énergie positive. Aussi, des bornes de rechargement électriques y ont été installées.
La mise en place d’une comptabilité environnementale, c’est également possible !
Puma, la célèbre marque sportive, s’est aussi mise au vert en publiant une comptabilité environnementale. Avec une idée simple : établir le coût des conséquences de ses activités sur l’environnement en évaluant sa consommation en eau ainsi que celle de ses fournisseurs, son utilisation des sols, sa pollution atmosphérique et enfin, son recyclage des déchets.
Toutefois, même si cette démarche semble intéressante, faute de normes internationales comptables, les indicateurs utilisés par les différentes entreprises diffèrent et leurs résultats ne sont donc pas comparables. C’est en ce sens que l’harmonisation des législations à l’échelle européenne et internationale est attendue. La question environnementale n’a pas de frontières, il est donc nécessaire d’établir les mêmes règles pour toutes les entreprises. Cet objectif permettrait une plus grande prise de conscience de celles qui ne sont pas encore passées au vert, puisque oui, il a été démontré que l’environnement peut être au cœur du métier de comptable.
Flora Ait-namane