Le window dressing, aussi appelé habillage des comptes, est une pratique répandue dans le domaine de la comptabilité des entreprises et startups. En fin d’année ou en vue d’une cession, les chiffres sont manipulés pour parer l’entreprise de ses plus beaux atours tout en restant dans la légalité.
Le window dressing, c’est un peu comme refaire son CV avant un entretien : il faut savoir présenter les comptes sous leur meilleur jour sans pour autant mentir. Les techniques utilisées relèvent de l’interprétation comptable, évitant ainsi toute qualification d’action frauduleuse. La mise en place d’une politique de gestion différente peut également permettre d’obtenir des résultats rapidement. Ces artifices valorisent une entreprise et peuvent se révéler très utiles, notamment avant une cession.
Modifier les données avec parcimonie
Pour embellir un bilan, les marges de manœuvre ne manquent pas. Il y a la modification de la politique d’amortissement et de provision (survalorisation des stocks), l’activation des frais usuellement comptabilisés en charges déductibles (R&D, licences ou brevets), la valorisation à la hausse des travaux en cours, l’absence de comptabilisation de provisions pour paiement des indemnités de départ à la retraite (facultatives pour des structures de taille réduite), le décalage de la date de clôture des comptes ou encore, la modification du périmètre ou des modalités de consolidation. Ces postes sont couramment manipulés afin d’afficher une meilleure rentabilité.
Si les résultats ainsi obtenus peuvent être intéressants, il est nécessaire de garder à l’esprit que cette pratique, mal maîtrisée, peut basculer vers le maquillage de comptes. Les sanctions fiscales et pénales alors encourues sont lourdes. L’entreprise, son dirigeant et l’expert-comptable risquent des amendes élevées et l’emprisonnement.
Adopter une politique de gestion particulière et temporaire
Autre solution : mettre en place une politique de gestion spécifique. Irrépréhensible juridiquement ou fiscalement, cette action peut en revanche entraîner des risques pour la pérennité de l’entreprise. Elle consiste en effet à retarder les renouvellements de matériel, à réduire la maintenance, à arrêter les recrutements et la R&D, à diminuer la formation du personnel ou encore, à réduire les dépenses publicitaires. Des coupes budgétaires dangereuses à long terme.
Face à un observateur averti, l’habillage des comptes trop poussé peut aussi créer des effets d’alerte ou provoquer des contre-effets. Afin d’éviter ces situations, il est prudent de le réaliser progressivement, subtilement et dans des proportions réfléchies. Le tout sur une durée suffisante pour ne pas sembler trop mensonger.
Louise Jammet