La cinquième édition du salon Transfair dédié à la transmission d’entreprise s’est ouverte par une table ronde réunissant des chefs d’entreprise repreneurs, les Présidents de la chambre de commerce et de la chambre des notaires de Paris ainsi que le PDG du centre de transfert d’entreprise du Québec.
« La reprise permet de réconcilier la personne qu’on est au travail avec la personne qu’on est réellement »
Les trois repreneurs invités à s’exprimer à l’assemblée plénière du salon, Anne Anquetin, Yann Le Breton et Daniel Porte, sont unanimes : reprendre une entreprise n’est certes pas un long fleuve tranquille mais « on dort mieux ». Tous ne supportaient plus de subir et de devoir assumer des décisions qui n’étaient pas les leurs. « Mon job n’avait plus de sens » déclare même Yann Le Breton qui était manager dans le domaine de l’informatique dans de très grandes entreprises et qui voyait les directeurs défiler « comme dans un jeu ». Comme Daniel Porte et Anne Anquetin, il avait besoin d’une rupture. Lui s’est tourné vers une société de travaux en accès difficile. Elle, qui venait du même milieu professionnel, a préféré une société de biens « beaux » : la passementerie verrier. Quant à Daniel Porte, il a repris la société Monnet qui fabrique des chaussettes techniques.
La reprise a été une renaissance pour eux, ce qui ne signifie pas pour autant que c’est une entreprise facile. « Il faut gagner de la crédibilité auprès de l’équipe, savoir se faire accepter. L’entreprise est un corps vivant qui a une histoire. Mais il faut aussi savoir la faire changer, aller plus vite puisqu’il faut rembourser la banque » confie Daniel Porte. S’ils ont choisi l’apport personnel et l’emprunt bancaire pour plus d’indépendance, tous subissent la pression de l’échéance.
Un véritable job
Des savoirs et compétences spécifiques sont nécessaires pour les opérations de transmission d’entreprise qui sont des opérations d’envergure. Nombre d’acteurs existent pour les encadrer. Anne Anquetin a, par exemple, eu recours à la formation CRA qui lui a apporté les connaissances nécessaires concernant le process.
Savoir ce que l'on veut et trouver l’entreprise qui nous correspond n’est pas une mince affaire non plus. Après une semaine de formation à la chambre de commerce, Yann Le Breton a établi son profil et le cahier des charges de l’entreprise de ses rêves. L’institution s’est ensuite chargée de lui envoyer des cibles pertinentes. Mais les démarches requises sont nombreuses : recherche sur le marché visible, intermédiaire, approche directe sur des sondages…
Bertrand Savouré, Président de la chambre des notaires de Paris, rappelle qu’il est important d’être bien accompagné dans ce changement de vie radical. Selon lui, « il faut anticiper les questions qu’on peut se poser car pendant la phase de transmission, ou de reprise, on est happé dans la machine ». Le rôle des notaires est central dans les problématiques patrimoniales, dans la mesure et la connaissance des risques qui y sont liés.
La chambre de commerce est également un interlocuteur privilégié, rappelle son Président Dominique Restino. L’institution a d’ailleurs créé deux clubs, l’un de repreneurs, l’autre de cédants, afin de favoriser les échanges d’expériences et d’informations. En trois mots, dans ce processus elle apporte information, formation et accompagnement.
Faire confiance à la jeunesse
Dominique Restino l’affirme, « toutes les TPE à reprendre dans le monde artisanal sont un enjeu colossal pour le pays. Il faut s’appuyer sur la jeunesse pour reprendre ces petites activités ». Vincent Lecorne, PDG du centre de transfert d’entreprise du Québec, approuve : « Il faut vendre plus tôt et faire confiance aux jeunes qui ont une vision sur le monde et utilisent très bien la technologie. » Il conclut : « Il y a un temps pour tout et il y a une vie après : devenir investisseur, aller sur des conseils d’administration… Les cédants ont encore beaucoup de choses à donner à la société, mais peut-être que leur entreprise est plus grande qu’eux. »
Alice Magar