55 % des industriels français prévoient une amélioration de leur compétitivité en 2015 mais sans conséquence sur leur marge selon une Etude Deloitte L'Usine Nouvelle sur la compétitivité des usines françaises.
La France, qui se classe à la 23ème position des pays les plus compétitifs selon le Rapport du Forum économique mondial, doit toujours faire face à des défis importants en termes de compétitivité. Dans ce contexte, Deloitte et l’Usine Nouvelle publient les résultats de son étude consacrée à la compétitivité des usines françaises, intitulée "Les industriels français sont-ils réalistes face à leur compétitivité ?". Un panel de plus de 350 leaders du monde industriel (direction générale, directeurs d’usine…) s’exprime sur l’évaluation de leur niveau de compétitivité et les leviers à activer pour améliorer les performances de l’industrie française.
- Deux tiers des usines françaises se jugent compétitives et pensent améliorer leur compétitivité en 2015
- 83 % des industriels estiment que l’évolution de leur marge brute ne leur sera pas favorable en 2015
- Les industriels français ont identifié clairement les facteurs clés de compétitivité à développer mais seules 11 % des entreprises industrielles réinvestissent plus de 10 % de leur chiffre d’affaires
- L’efficacité de l’outil de production, le capital humain et l’innovation sont les 3 leviers internes de performance industrielle
- 61 % des usines investissent moins de 2 % de leur chiffre d’affaires en R&D
La compétitivité française, un manque de réalisme ?
Améliorer continuellement le cycle de production est ancré dans l’ADN des usines : 67 % des industriels affirment déjà disposer des aptitudes nécessaires pour faire face à la concurrence sur leur marché respectif, et 55 % estiment pouvoir améliorer leur compétitivité en 2015. Seule une faible proportion (23 %) est inquiète en projetant une baisse de leur compétitivité pour l’avenir.
Paradoxalement, les industriels sont pessimistes quand il s’agit de leur marge brute dont le taux constitue un indicateur clé de leur performance. Ainsi, ils sont 51% à affirmer que leur marge brute va rester stable et 32 % indiquent qu’elle va baisser en 2015. Cette anticipation, peu encourageante, ne permettra pas aux entreprises de dégager des capacités financières propres pour réaliser des investissements visant à améliorer leur compétitivité.
Un niveau d’investissement encore faible engagé par les industriels français
Conséquence directe d’une rentabilité affaiblie, une large majorité (59 %) des interrogés réinvestissent moins de 5% de leur chiffre d’affaires. Ce niveau de sous-investissement met en danger les entreprises à moyen et long terme et leur capacité à conserver un appareil productif compétitif. D’autant que l’étude montre que ce sont les industriels qui investissent plus de 5 % de leur chiffre d’affaires qui sont davantage compétitifs.
L’enquête soulève également que la moitié des entreprises industrielles (53 %) ne considère pas que le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), dont l’objectif est de redonner aux entreprises des marges de manœuvre pour investir et innover, impactera de manière positive leur compétitivité.
"Dans un contexte d’évolution technologique rapide, de besoins croissants de différenciation, la R&D est considérée comme un élément clé essentiel d’innovation pour alimenter la croissance et le développement des entreprises industrielles et représente donc un levier de compétitivité puissant. Or l’étude révèle que 60% des industriels français investissent moins de 2% de leur chiffre d’affaires dans ce domaine. Ce manque d’investissement est visible à travers le faible degré de robotisation des usines puisque fin 2012, la France comptait 4,8 fois moins de robots que l’Allemagne (IFR, 2013)." indique Nicolas Gaultier, Associé Conseil Supply Chain Strategy chez Deloitte.
Les leviers de performance des industriels pour accroître leur compétitivité
Les répondants ont identifié les leviers et les freins de leur compétitivité. L’excellence opérationnelle et la maitrise des processus industriels constituent les critères prioritaires de compétitivité leur permettant d’améliorer significativement leurs performances industrielles. Par ailleurs, la motivation et l’implication des salariés sont considérées comme des éléments différenciateurs forts de compétitivité et s’illustrent par la mise en œuvre de nouvelles dynamiques RH au sein des organisations (acquérir de nouveaux talents). De même, de forts investissements en recherche et développement, la rapidité de lancement des nouveaux produits et la création d’une structure promouvant l’innovation constituent des axes prioritaires de compétitivité.
A contrario, le premier frein à la compétitivité identifié par les industriels est la complexité réglementaire et administrative. En deuxième place, se classent les contraintes liées aux coûts élevés de la main d’œuvre en France ainsi qu’à l’augmentation régulière des coûts des énergies.
"Les industriels identifient clairement les leviers de leur compétitivité future, certains sont exogènes mais une majorité sont de leur responsabilité avec par ordre d’importance : l’excellence opérationnelle, la qualité de l’outil industriel, capital humain et innovation mais n’investissent finalement que très peu. Ce paradoxe soulève deux interrogations : les industriels manquent-ils de réalisme face à leur compétitivité ? Les industriels investissent-ils peu dans leurs propres leviers de compétitivité par manque de confiance en l’avenir ?" note Mathieu Genoud, Directeur Conseil Supply Chain Strategy chez Deloitte.