"L’ADN de l’entrepreneur 2015" : l’innovation et l’export, sources de croissance des PME

Etudes
Outils
TAILLE DU TEXTE

Une enquête menée auprès de plus de 4 000 patrons de petites entreprises en Europe et aux Etats-Unis révèle une accélération du développement de nouveaux produits, les sociétés exportatrices et innovantes étant aux avant-postes de la reprise. 

hiscox

  • Les PME françaises témoignent de signes de rebond, avec une majorité d’entre elles (56%) qui affichent une augmentation de leur carnet de commandes et une progression de leur chiffre d’affaires (54%). Néanmoins, leur confiance en l’avenir reste fragile.
  • L'innovation constitue la solution privilégiée par les chefs d’entreprise pour assurer leur pérénité. Un peu plus de la moitié (51%) des entrepreneurs interrogés prévoient de lancer un nouveau produit ou service dans l'année à venir, et ce sont les entreprises exportatrices qui se montrent les plus innovantes.
  • Bonne nouvelle pour les jeunes diplômés sur le front de l’emploi. Même si l'heure n'est pas encore à la frénésie d'embauche, plus d'une entreprise sur cinq (22%) prévoit de recruter l'an prochain. Et la majorité d'entre elles ciblent les postes juniors : une excellente nouvelle pour ceux qui entrent sur le marché du travail.
  • Les impôts et la « paperasse » restent considérés comme la bête noire des entrepreneurs, en particulier en France et en Espagne, où neuf sociétés sur dix pointent du doigt la fiscalité et des lourdeurs administratives de leur pays.

Une étude internationale publiée par l’assureur spécialiste international Hiscox met en évidence un regain d'optimisme des petites entreprises. La septième édition de l'enquête Hiscox ADN d’un entrepreneur révèle une envolée de l'innovation, les petites entreprises misant sur les nouveaux produits et services ainsi que sur les exportations pour accélérer leur développement.

L'enquête est basée sur les réponses de 4 140 propriétaires, fondateurs ou cadres supérieurs de petites sociétés de moins de 50 salariés, dans six pays : Royaume-Uni, Etats-Unis, France, Allemagne, Pays-Bas et Espagne. Comme tous les ans, elle dresse un portrait unique du moral, de la santé financière des petites entreprises et des différences culturelles de l’entrepreneuriat.

Bronek Masojada, CEO de Hiscox, affirme : « Selon l'étude, un vent de confiance souffle sur les petites entreprises, qui s'appuient sur la reprise naissante pour alimenter leur expansion et profiter de la dynamique. Nous en sommes les premiers témoins : les quelques 268 000 petites entreprises avec lesquelles nous travaillons à travers le monde ont vu leur chiffre d'affaires total progresser de 18% par rapport à l'an passé. L'envolée du taux de lancement de produits est particulièrement réjouissante. Les petites entreprises jouent un immense rôle dans l'innovation mondiale, ce qui est de bon augure pour la croissance future. »

Des signes qui laissent entrevoir un rebond, mais une confiance en l’avenir qui reste timide en France

La proportion d’entreprises françaises interrogées qui ont enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires et du bénéfice (à 54% et 51% respectivement) a légèrement augmenté par rapport à l’an dernier. On note également une forte hausse du nombre des entrepreneurs dont la clientèle a augmenté (68%, contre 55% un an auparavant). Les carnets de commandes ont progressé pour la majorité des sondés (56%). Un signe d'amélioration qui coïncide avec les récentes enquêtes de l'INSEE et par les prévisions de l'OCDE notamment.

Malgré ces chiffres encouragents, les niveaux d'optimisme demeurent inchangés en France depuis maintenant trois ans. Seules 43% d’entreprises françaises se disent optimistes pour l’avenir, un chiffre bien inférieur à la moyenne de 62% enregistrée dans les six pays observés. En revanche, le nombre de sociétés affirmant ne pas être optimistes du tout a fortement chuté.

L’innovation et l’export synonymes de croissance

Bonne nouvelle : de plus en plus d'entreprises françaises lancent des nouveaux produits ou services. Il y a un an, 38% d’entre elles avaient lancé un nouveau produit au cours des 12 mois précédents ; le chiffre de cette année s'élève à 42%. Une tendance à innover qui s’inscrit dans la durée puisque la moitié des entreprises (50%) envisagent de lancer un nouveau produit l'année prochaine.

Tous pays confondus, l'innovation est particulièrement prégnante chez les entreprises exportatrices. Près de trois quarts (72%) d'entre elles déclarent avoir pour projet de lancer un nouveau produit ou service dans l'année à venir. Les financements restant rares, cette démarche témoigne de la détermination des petites entreprises à prendre leur destin en main et à innover pour avancer.

Cette quête de croissance est peut-être l'une des raisons pour laquelle 22% des entreprises déclarent avoir l'intention de recruter l'an prochain, dont près de la moitié (10%) qui s’orientent vers le recrutement de collaborateurs juniors. Il s'agit d'une excellente nouvelle pour les jeunes diplômés et ceux qui entrent sur le marché du travail. Parmi les pays observés, les entreprises espagnoles sont les plus susceptibles de recruter, 27% d'entre elles anticipant une croissance de leurs effectifs. L'Allemagne (23%), le Royaume-Uni (22%) et les Etats-Unis (22%) affichent des ambitions comparables. En revanche, seules 15% des entreprises néerlandaises et 19% des entreprises françaises envisagent de renforcer leurs effectifs.

Des défis subsistent

L'accès au crédit reste un défi majeur. Près d'un cinquième des personnes interrogées (19%) pensent que l'accès au financement bancaire s'est compliqué au cours de l'année écoulée, contre 7% seulement de sondés estimant qu'il est simplifié. Les entreprises néerlandaises et françaises sont les plus négatives quant à la disponibilité du financement bancaire (34 et 26% respectivement). Plus inquiétant, 15% des personnes interrogées ont utilisé leur carte de crédit pour financer leur activité sur l'année écoulée, et 8% envisagent de le faire. Seuls 3% des sondés ont levé des fonds par le biais du crowd funding ou du financement peer-to-peer.

Les retards de paiement restent également un problème dans certaines régions d'Europe. En France et en Espagne, près de la moitié des sondés (47%) déclarent que leurs clients paient plus tard que par le passé et, en dépit des efforts du gouvernement pour enrayer ce problème, 27% des sondés britanniques déplorent également des retards de paiement.

Les impôts et la « paperasse » bête noire des entreprises

Les lourdeurs fiscales, la bureaucratie excessive et la rigidité des lois du travail sont la bête noire de 86% des PME françaises. Plus des trois quarts conviennent de plus, que « notre culture ne nous incite pas à prendre des risques » (76%) et que le système éducatif français « n'encourage pas les idées et les rêves individuels » (77%). La baisse de l'impôt direct arrive en tête de liste des souhaits des entreprises françaises (en particulier dans le secteur des services financiers), suivie par l'assouplissement des réglementations en matière d'emploi. Deux tiers des sociétés sondées (67%) estiment que leur gouvernement ne favorise pas les entrepreneurs.

Les dirigeants d'entreprises françaises sont d’ailleurs ceux qui affichent le plus grand nombre d'heures consacrées à la gestion administrative (plus de cinq heures par semaine), ce qui peut expliquer qu’ils aient la plus longue durée de travail hebdomadaire (47 heures par semaine) des pays observés.

Si les chefs d’entreprise du Royaume-Uni sont les plus nombreux à être satisfaits (45%) des politiques menées dans leur pays pour soutenir l'entreprenariat, la proportion chute à 13% en France.

Quel est le pays le plus représentatif de l'esprit d'entreprise ?

La majeure partie des personnes interrogées classent respectivement les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne dans le top 3 des pays où l’esprit d’entreprendre est le plus développé. La seule exception a été observée aux Pays-Bas, où les Néerlandais se sont eux-mêmes placés sur la première marche du podium… L'Espagne ferme systématiquement la marche du classement, même aux yeux des Espagnols eux-mêmes (et en dépit du fait qu'ils trônent en tête du classement en termes d'innovation).

Un chiffre intéressant côté français qui témoigne d’une perception de l’entrepreneuriat caractéristique du climat actuel, plus d’un chef d’entreprise sur trois (37%) rapporte avoir lancé sa propre entreprise parce qu'il « ne trouvait pas d'emploi approprié ». L’entrepreneuriat semble parfois davantage considéré comme une solution par défaut, que comme un moyen de se réaliser. 

Les Annuaires du Monde du Chiffre