Jérôme Cathala : "Je reste convaincu que les règles d’éthique, de confraternité et de déontologie sont les pierres angulaires de la profession."

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jerome-cathalaInterview de Jérôme Cathala, Président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Toulouse - Midi-Pyrénées.

Pourquoi avoir choisi l’expertise comptable ?

A l’origine, je m’orientais vers des études courtes puisque j’avais comme objectif de rentrer rapidement dans la vie active. La vie en a finalement décidé autrement… Puisqu’en effet, au travers de mes études, j’ai découvert le droit fiscal, le droit social, le droit des affaires, et bien évidemment la comptabilité. J’ai immédiatement accroché et c’est ainsi qu’après cette première étape, je me suis dirigé vers le DECF (Diplôme d’Etudes Comptables et Financières) à Toulouse. A partir de ce moment-là, il m’est apparu évident de me diriger vers la profession d’expert-comptable qui, en plus d’offrir une grande variété de métiers et de modes d’exercice, permet d’allier le relationnel avec l’accompagnement du chef d’entreprise, et la technique. Dans le cadre du DEC et de mon stage, je me suis attaché à trouver des structures où je pouvais acquérir l’expérience la plus large possible, et un accès aux missions diverses (comptables, sociales, fiscales, de commissariat aux comptes…). J’en profite pour remercier mon maître de stage qui a su m’accompagner pendant ce parcours. J’ai validé mon diplôme d’expert-comptable en 1993 et j’ai immédiatement rejoint le cabinet où j’exerce encore à ce jour.

Comment vous êtes-vous dirigé vers la vie ordinale ?

C’est par mon implication auprès de l’Anecs que j’ai découvert les institutions de la profession, réalisant à cette occasion que nos organisations reposent principalement sur le bénévolat des consœurs et des confrères. Les instances nous offrent un enrichissement intellectuel et un réel retour d’expériences ; j’ai considéré qu’il était évident de donner de mon temps à la profession. J’ai donc très vite adhéré à l’un des syndicats de la profession et je me suis présenté, sur une liste, lors des élections de 2001, effectuant ainsi un premier mandat à l’Ordre des experts-comptables de Toulouse Midi-Pyrénées de 2001 à 2004 en tant que trésorier et élu en charge de la commission Entreprise. Lors des élections suivantes, je ne me suis pas représenté car j’avais décidé de me consacrer au syndicat en devenant président de la section locale. En parallèle de ce rôle, j’ai tout de même continué à être contrôleur de stage, fonction qui m’a toujours particulièrement tenu à cœur et que j’ai dû arrêter en 2015 lors de ma prise de fonction à la présidence du Conseil régional. Fin 2012, notre liste a été à nouveau élue et Bruno Le Besnerais et moi-même avons décidé de nous partager la présidence pour deux ans chacun.

Quels objectifs avez-vous fixés pour votre mandature ?

Bruno Le Besnerais et moi-même avons conçu notre mandature sur le postulat suivant : l’expert-comptable est avant tout le partenaire des PME et TPE, avec comme mission de décrypter la complexité légale, fiscale, sociale et juridique de l’entreprise au-delà du rôle historique de la comptabilité. Aujourd’hui, la valeur ajoutée de la profession réside principalement dans la mission de conseil de l’expert-comptable et dans l’accompagnement du dirigeant. Fort de ce constat, le rôle de l’Ordre des experts-comptables est d’accompagner les consœurs et les confrères dans les évolutions et les mutations de la profession.

Pour ce faire, l’équipe élue a souhaité mettre en place trois enjeux majeurs pour cette mandature :

- Favoriser la formation, que ce soit au travers de la formation continue (le Conseil régional de l’ordre de Toulouse Midi-Pyrénées propose une offre de formation la plus large possible avec le catalogue de notre IRF, le Cerecamp) mais également avec l’organisation, en local, de formations spécifiques, que ce soit sur la DSN, le fiscal…

- Le Conseil régional de l’ordre de Toulouse Midi-Pyrénées souhaite accompagner les cabinets dans un monde en perpétuelle évolution et notamment aider les professionnels à emmener leurs structures vers un développement plus large et notamment vers une approche conseil. Pour ce faire, la commission Management et Développement des cabinets du Conseil régional a développé un module à destination des cabinets. Objectif : les pré-
parer à ne pas subir les changements mais à mener une démarche d’anticipation.

- Le Conseil régional de l’ordre des experts-comptables Toulouse Midi-Pyrénées se doit de renforcer l’attractivité de la profession auprès des jeunes. Pour ce faire, le Conseil régional développe des partenariats avec les universités et les grandes écoles supérieures dans le but de faire découvrir la profession mais surtout d’attirer des futurs talents.

En arrivant à la présidence de l’Ordre des experts-comptables de Toulouse Midi-Pyrénées, avez-vous été confronté à des situations auxquelles vous ne vous attendiez pas ?

J’ai accompagné Bruno Le Besnerais pendant deux ans avant d’accéder à la présidence ; donc j’avais une assez bonne vision de la fonction en elle-même. Néanmoins, j’avais moins perçu les problématiques liées à la pratique de la communication et du démarchage dans notre profession. Je reste convaincu que les règles d’éthique, de confraternité et de déontologie sont les pierres angulaires de la profession. L‘institution doit tout faire pour que ces nouvelles pratiques ne remettent pas tout en cause.

L’évolution technologique est au cœur de votre mandature. Que diriez-vous à un expert-comptable qui hésite encore à se rendre au 70e Congrès "L’expert-comptable numérique" ?

L’approche que nous avons mise en place en région, dans le cadre de la mandature, est un état des lieux sur les pratiques, techniques de communication et offres de service… qui existent sur internet. A partir de cet état des lieux, nous souhaitons accompagner les confrères pour qu’ils puissent s’approprier ce nouveau monde. En effet, notre model économique est en train de changer et l’environnement numérique modifie tous nos repères : accès pour tous à l’information, communication facilitée, réactivité immédiate… Il est évident que la profession doit suivre cette mutation et je dirais même qu’elle doit se l’approprier, en faire une force, pour ne pas la subir.

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