Interview de Charles-René Tandé, président de l'IFEC, suite à l'annonce de sa candidature à la présidence de l'Ordre des Experts Comptables.
Vous avez été investi par le Conseil Syndical de l'IFEC pour mener la campagne pour les élections à l'Ordre des Experts Comptables. Qu'est-ce qui vous a amené à vous présenter ?
Je crois que nous sommes à un tournant important : ou on choisit la voie de la croissance, ou on stagne ! Nous avons devant nous des opportunités formidables : la possibilité de renforcer notre rôle de conseil auprès de nos clients, d'affiner nos compétences dans des domaines spécifiques, de nous appuyer sur la révolution digitale pour accompagner nos clients dans leur propre transformation numérique... Mais ces évolutions doivent être préparées, accompagnées : il faut notamment surveiller l'arrivée des géants américains qui proposent des logiciels qui doivent être pour nous des tremplins, et non des concurrents, et encore moins des remplaçants ! Nous devons aussi avancer sur des dossiers plus structurels, mais non moins importants : il y a aujourd'hui un manque de cohérence entre nos institutions, avec leurs deux tutelles respectives. Je suis opposé à une fusion, parce que je suis convaincu que nous y laisserions des plumes mais on peut améliorer le système actuel. Pour relever ces défis, nous avons besoin d'un CSO fort et responsable, qui porte les orientations dont nos cabinets ont besoin.
Quels sont les grands axes de votre candidature, du point de vue de l'évolution du Conseil supérieur d'une part, de la profession d'autre part ?
La profession d'abord ! Notre légitimité vient avant tout du fait de défendre notre profession, il ne faut pas l'oublier ! Je vais développer pendant cette campagne à la fois un projet de croissance, qui reposera notamment sur le développement des activités civiles, un projet de cohérence pour nos institutions, pour améliorer nos relations avec les autres professions juridiques, pour peser plus sur Bercy... Et je défendrai bien sûr un projet pour faire évoluer le Conseil Supérieur. Je crois qu'il en a besoin. Nous devons avoir un Conseil supérieur plus performant, mieux organisé, qui défende avant tout l'intérêt général, et moins gourmand en terme de dépenses de fonctionnement.
En tant que président de l'IFEC, vous avez pris position notamment sur la loi Macron et l'interprofessionnalité. Pensez-vous, à la tête de l'OEC, pouvoir faire bouger les lignes ?
Je le pense sincèrement. Les échanges que j’ai pu avoir avec les représentants de certains syndicats de professions juridiques il y a quelques mois, mais aussi très récemment avec la mission parlementaire en charge du suivi de la loi Macron, montrent que la position défendue par l’IFEC d’une interprofessionnalité plus aboutie est assez largement partagée. C’est justement l’action du Conseil Supérieur sur le "périmètre" de nos missions qui a pollué le débat avec les avocats notamment et qui a entraîné une levée de bouclier contre les experts comptables et les commissaires aux comptes. Je suis persuadé qu’une autre façon de piloter l’action publique du Conseil Supérieur serait de nature à faire bouger les lignes sur ces sujets.
Propos recueillis par Pascale Breton