Le robot comptable va-t-il signer la fin de la profession comptable ? Ou représente-t-il au contraire plutôt une aide pour les professionnels du chiffre, voire simplement un outil complémentaire ? Nous tentons de faire le point sur ces nouvelles technologies et leur influence potentielle sur l'avenir de la profession.
Les « robots comptables » sont apparus il y a quelques années grâce au développement de l'intelligence artificielle et des nouvelles technologies. L'un des plus connus, Georges le robot comptable, entend automatiser la grande majorité des déclarations comptables des professions libérales ainsi que leur tenue comptable. Et ce, uniquement grâce à une simple liaison au compte bancaire et plusieurs étapes à remplir manuellement.
Georges.tech, un outil d'automatisation de la tenue comptable
Mais chez Georges.tech, on insiste sur le fait que l'outil ne permet que d'automatiser certaines tâches et ne remplace en aucun cas un expert-comptable. Et cet élément n'est pas qu'un gage d'humilité : l'exercice illégal de la profession d'expert-comptable est un délit puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.
Des problèmes similaires ont été soulevés récemment, cette fois pour les avocats, à propos de deux sites internet qui proposaient l'automatisation entre autres des envois de mise en demeure. Mais la justice a considéré que l'exercice illégal de la profession d'avocat n'était pas constitué, notamment parce que ces sites n'avaient fait qu'automatiser des tâches en se servant d'informations disponibles sur le web. Aussi, leur assistance n'apportait qu'une aide technique et non juridique.
L'expertise, l'expérience et les conseils prodigués par un être humain ne sont pas remplaçables
On constate de la même manière que chez les experts-comptables, certaines tâches répétitives, qui prennent beaucoup de temps et sont peu valorisantes, tendent de plus en plus à être automatisées.
Il est possible d'y voir une bonne nouvelle, car cela épargnerait les experts-comptables de réaliser ces tâches peu intéressantes. D'autant que si elles sont peu valorisantes, elles sont aussi logiquement peu valorisées. La plus-value est faible, à l'inverse d'autres missions plus intéressantes et pour le coup irremplaçables que sont le conseil ou l'accompagnement des chefs d'entreprise.
Or ces dernières tâches ne pourront probablement jamais être effectuées par une intelligence artificielle. De même, aucune machine ne pourra jamais remplacer le rapport humain et de confiance entre un expert-comptable et son client. Ce qui montre bien que la profession du chiffre a encore de beaux jours devant elle...
A condition cependant de voir venir les changements qui s'annoncent et de ne pas se laisser déborder par ces nouvelles solutions technologiques qui vont inéluctablement attirer un certain nombre d'anciens clients ou bien simplement des personnes qui n'auraient jamais pensé à faire appel à un expert-comptable.
L'automatisation, si elle est intégrée aux cabinets, pourrait faire gagner beaucoup de temps
Si des applications comme Georges.tech ont de toute façon davantage vocation à compléter les experts-comptables parmi une clientèle qui ne se serait pas tournée vers eux, les professionnels pourraient en réalité eux-mêmes s'en emparer et intégrer des solutions similaires au sein de leur cabinet. Ils pourraient ainsi modifier leur manière de travailler en accélérant l'automatisation des tâches les moins gratifiantes, pour se concentrer sur les missions à plus forte valeur ajoutée.
Les experts-comptables auraient en fait tout à gagner à accepter ces nouvelles intelligences artificielles. D'autant que la course semble perdue d'avance : les robots sont d'ores et déjà en mesure de réaliser ces tâches beaucoup plus rapidement que l'Homme.
Raphaël Lichten