« La fonction achat devient clé pour les cabinets d’expertise comptable »

Le train de la dématérialisation devra être pris par les professionnels du chiffre. C’est un incontournable. La question dès lors, est de savoir comment faire en sorte de se retrouver dans un TGV – permettant de gagner au plus tôt des parts de marché sur le terrain tactique de la numérisation – plutôt que dans un quelconque RER plus ou moins essoufflé.

Les experts-comptables sont parfaitement conscients de cette réalité. Et à rebours complet de l’image « vieillotte » que l’on pourrait avoir de la profession, ces derniers ont multiplié les investissements informatiques ces trente dernières années.

Pourtant, constate Didier Barbe, il semble que l’effet de ces dépenses de numérisation ne soit pas réellement au rendez-vous puisque s’observe conjointement une baisse des marges et du chiffre d’affaires par client des cabinets d’expertise comptable.

Une solution serait alors d’apprendre à mieux acheter les instruments de numérisation de son cabinet, c’est-à-dire mieux choisir les logiciels et mieux négocier leur acquisition auprès des éditeurs. La fonction achat devient clé pour les cabinets d’expertise comptable afin de sortir gagnant de la course à la dématérialisation.

Il convient alors de rationnaliser cette dimension, c’est-à-dire sortir d’une démarche purement empirique, intuitive et réfléchir en amont à une grille de critères afin de choisir au mieux les logiciels de son cabinet.

Des critères pour mieux choisir les outils de numérisation de votre cabinet d’expertise comptable

Didier Barbe propose une série d’indicateurs pour accompagner les professionnels du chiffre dans leurs investissements informatiques.

Il convient tout d’abord d’examiner l’adéquation de l’offre de l’éditeur avec la stratégie du cabinet. Dans cette perspective, une question doit être posée : le logiciel permet-il d’assurer un gain de productivité et de sécurité ? Ces critères sont absolument essentiels.

Puis, concernant l’éditeur proprement dit, plusieurs points gagneront à être examinés :

• son ancienneté : il est sans doute plus facile de faire confiance à un acteur jouissant d’une certaine expérience doublée d’une certaine reconnaissance ;

• les recommandations éventuelles de vos pairs experts-comptables ;

• et bien entendu, votre expérience personnelle à l’égard du fournisseur et des solutions qu’il propose.

Au plan technique, il est recommandé de vérifier notamment :

• la date de création du programme (qui idéalement sera comprise entre 3 et 8 ans d’âge) ;

• sa maintenance règlementaire et évolutive ;

• le moteur de recherche (essentiel s’agissant de fonds documentaires) ;

• la convivialité du logiciel ;

• sa sécurité ;

• ou bien encore, dernier exemple : sa réversibilité, c’est-à-dire la possibilité de récupérer les données clients en cas de changement d’éditeur : c’est aspect devra absolument être contractualisé, en précisant un délai !

Enfin, dernière famille de critère (last but not least) : le budget, à mettre en perspective là encore avec vos besoins propres, les caractéristiques et la stratégie de votre cabinet d’expertise comptable. S’agissant de programmes informatiques complexes, il ne faut pas oublier à cet égard que la formation et l’accompagnement coûteront souvent presque aussi cher que l’achat proprement dit de la licence d’utilisation.

La négociation du prix gagnera à s’effectuer par petits pas, c’est-à-dire produits par produits (logiciel de comptabilité, puis logiciel de paie, puis programme d’audit, etc.). Cette démarche progressive offre des résultats plus avantageux qu’une négociation globale.

Hugues ROBERT