Une tribune de Laurence Ruiz, Co-Fondatrice d’Orbiss.
Se tourner vers l’international pourrait être une solution mise en place par les sociétés françaises pour limiter l’impact de la crise du coronavirus. Les Etats-Unis ne sont pas souvent le premier marché à l’export pour les PME et startups de France qui préfèrent commencer leur processus d’exportation vers l’Europe. Mais fort de ses 328 millions d’habitants s’étendant sur 9,8 millions de km2, il n’en reste pas moins très alléchant. Mais attention ! Le choc culturel, les différences comptables et fiscales, les ressources humaines, les 51 Etats américains et le protectionnisme, représentent entre autres, d’importants écueils qu’il apparaît comme nécessaire de comprendre et d’appréhender avant de se lancer dans l’aventure. La prise en compte de ces différences jouera un rôle essentiel dans la réussite du projet.
Un marché moins hétérogène que l’UE
Premièrement, contrairement à l’Europe, les USA sont organisés sous forme de fédération, ce qui rend le marché à la fois moins hétérogène que l’Union européenne mais peut également donner la fausse impression que les 51 Etats couvrent un espace aussi homogène qu’un pays comme la France ou l’Allemagne. En grossissant le trait, vouloir développer le business sur le marché américain dans sa globalité, reviendrait à développer le business dans l’ensemble des pays européens en une seule fois.
Une ouverture à l’international très limitée
En second lieu, les Etats-Unis sont un marché majoritairement autosuffisant, avec une ouverture vers l’international très limitée. Il est plus facile de faire du business aux Etats-Unis quand on est américain. C’est une notion importante à prendre en compte, cela demande du temps de bien identifier les acteurs et obtenir des références indispensables au développement du business.
Un autre point important à évoquer, l’obtention d’une autorisation de travail sur le territoire américain est une étape complexe et pas toujours heureuse à la fin pour les étrangers. Les derniers changements notamment sur la durée de validité des visas de travail – le visa entrepreneur E2 par exemple est passé de 5 ans à 25 mois – n’ont pas amélioré la situation. La crise du Covid-19 a encore aggravé la situation, les ambassades américaines, notamment celle de Paris, ont été fermées plusieurs mois. Elles ont pris beaucoup de retard dans le traitement des dossiers. De plus, l’obtention de certains visas de travail a aussi été suspendue par le président Trump pour favoriser le travail des américains fortement touchés par le chômage.
La flexibilité de l’emploi
Enfin, la flexibilité du marché de l’emploi et la gestion des équipes aux Etats-Unis : iI n’y a pas de contrat de travail à durée indéterminée aux Etats-Unis, les employeurs peuvent licencier du jour au lendemain (voire même dans l’heure), mais a contrario les salariés peuvent faire de même sans aucun préavis. Les organisations doivent donc être toujours prêtes à gérer des départs.
Le marché américain est unique, complexe et difficile à pénétrer. Il est donc absolument vital que le projet soit réfléchi, pensé étape par étape tout en faisant appel à des prestataires de qualité pour chacune d’entre elles. Il est aussi important d’être patient et de prévoir un besoin en fonds de roulement d’environ deux ans, compte tenu du temps que l’activité peut prendre avant de démarrer.
Laurence Ruiz, Co-Fondatrice d’Orbiss