Les subventions, un effet de levier essentiel pour le développement économique - 3 propositions pour rapprocher les entreprises et les pouvoirs publics.
Le financement de projets est une question centrale pour l’entreprise. Un large spectre de soutiens publics s’offre aux entreprises (innovation, développement économique, énergie, environnement…), tant à l’échelle européenne et nationale que régionale. Ces dernières années, les dispositifs et sources de subventions ou de financement se sont d’ailleurs multipliés.
Pourtant l’accès au financement public reste difficile. Ayming (ex-Alma Consulting Group) a interrogé plus de 200 dirigeants d’entreprises, tous secteurs et toutes tailles confondus, pour mieux connaître leur perception de ces dispositifs, les principales stratégies de financement qu’ils envisagent, les freins ou difficultés rencontrées et l’impact des améliorations engagées sur leur vision du système (simplification, interlocuteurs uniques…).
Au regard de ces résultats, les experts d’Ayming proposent 3 axes pour développer le potentiel de ces dispositifs.
I- 60% des entreprises disent ne pas connaitre, ou mal, les aides et subventions et 20% ne jamais y penser pour financer leur projet
Les subventions sont encore peu prises en compte dans le financement de leur projet.
Les entreprises répondantes se tournent en premier lieu vers leurs banques (68.9%) et utilisent leurs fonds propres (60.3%), ainsi que les leviers comptables et fiscaux (financement indirect) qui leur sont offerts (53.9%). Les subventions et autres sources de financement direct ne représentent que 14.6%.
Les entreprises connaissent très mal les subventions auxquelles elles peuvent avoir accès.
Les entreprises qui connaissent les aides et subventions pour leur projet sont minoritaires. Elles sont 59.4% à estimer ne pas connaître celles qui existent pour le financement de leur projet d’investissement.
Les domaines de subventions les mieux connus par les entreprises sont : le développement économique (37%), l’énergie (20%) et l’environnement (10%). Les aides liées aux problématiques RH sont en revanche rarement connues.
II-Les entreprises qui les utilisent se disent satisfaites, malgré des démarches parfois contraignantes et complexes
Bien qu’elles aient l’impression de ne pas connaître les subventions dont elles peuvent bénéficier, 60% déclarent avoir déjà sollicité une aide.
Les entreprises pensent à solliciter une aide/subvention dès la genèse de leur projet.
Emmanuelle Alfandary, consultante expert chez Ayming, commente : « Les entreprises qui pensent aux subventions ont plutôt bien intégré les impératifs : elles y pensent dès la genèse du projet (35.2%) puis au moment du montage financier (31.1%) ce qui permet aux subventions de jouer leur rôle d’outil incitatif.
En effet, il est important d’associer l’organisme financeur très en amont des réflexions sur le projet et de ne pas avoir engagé d’investissements, tant que l’organisme financeur n’a pas formellement accusé réception de la demande de soutien. »
Les organismes financeurs les plus sollicités sont le Conseil régional, la BPI, l’Union Européenne. Les Agences de l’eau sont moins bien identifiées.
85% des entreprises répondantes ayant fait une demande de subvention ont vu leur dossier aboutir, ce qui constitue un encouragement et peut servir d’exemple auprès d’autres entreprises de leur secteur.
Les montants obtenus sur les 3 dernières années sont très variables et vont de quelques milliers à plusieurs millions d’euros. En effet, 23.2% des entreprises répondantes ont obtenu plus de 200 K€ et 20.5% entre 100 et 200 K€. 88% des entreprises concernées se disent satisfaites de la subvention obtenue (tous montants confondus).
Florence Bartolo, Directrice d’activité chez Ayming explique : « Pour les institutionnels, la subvention est un outil essentiel à la fois pour développer le territoire et encourager les acteurs économiques. Son attribution peut créer une vraie dynamique pour les entreprises. »
Mathieu Plane, économiste de l'OFCE, commente : « En France, les PME ont du mal à grandir pour devenir des ETI. Alors qu'il n'y a jamais eu autant de liquidités, il est important que les aides soient plus orientées vers ces entreprises. »
Un système à simplifier.
Les entreprises rencontrent de nombreux freins et difficultés dans la phase de montage des dossiers, le premier concerne le temps qu’elles doivent y consacrer.
Elles regrettent la complexité du système, en particulier dans la recherche d’informations ciblées et exploitables ainsi que dans l’identification des interlocuteurs.
Elles sont 70% à se tourner vers des ressources externes : cabinets de conseil (en premier), CCI, experts comptables, syndicats professionnels, et bien sûr internet.
Un décalage des rythmes entreprises/administrations et un dossier technique et administratif vécu comme compliqué.
Les entreprises craignent fréquemment que les exigences des administrations ne soient incompatibles avec leurs propres problématiques, ou que leur projet ne réponde jamais totalement aux critères demandés.
Les contraintes différentes des entreprises et des financeurs ne leur permettent pas toujours d’être en phase. Il est donc essentiel que le dialogue se crée en amont du montage du dossier.
Le recours de plus en plus fréquent aux Appels à Projets : un risque de décalage supplémentaire.
Pour apporter plus de lisibilité et mieux orienter les politiques publiques, une tendance émerge : les organismes financeurs privilégient le recours aux appels à projet (AAP). Cela nécessite de la part de l’entreprise une veille active et une organisation rigoureuse pour respecter ces délais imposés.
En effet, si ce mécanisme est bien connu des entreprises menant des projets de R&D collaborative, il apparaît que 70% des entreprises interrogées n’ont jamais répondu à un AAP.
Christophe Lorieux, Président de Santech, témoigne : "Les Appels à projets sont un formidable outil, mais on a le sentiment qu'ils sont réservés aux plus grandes entreprises, qui connaissent les "ficelles" et qui sont mieux outillées pour y répondre".
III - Les subventions : un effet de levier essentiel pour le développement économique - 3 propositions pour rapprocher les entreprises et les pouvoirs publics
L’enjeu essentiel est de permettre aux entreprises d’aller au bout de leurs projets et aux acteurs publics de jouer leur rôle de partenaire, avec une meilleure prise en compte du rythme de l’entreprise et une diffusion efficace de l’information.
Florence Bartolo commente : « Cette information permettrait aux entreprises de mener leur réflexion très en amont pour se projeter dans la démarche et la relation avec le financeur. L'effet incitatif de la subvention jouerait alors pleinement son rôle. En outre les entreprises pourraient avoir une vision plus globale des possibilités existantes : aujourd'hui elles ignorent les axes et les orientations des politiques publiques. »
3 propositions des experts d’Ayming :
1 - Faire davantage converger les rythmes et les contraintes des entreprises et organismes financeurs : Alléger la masse des informations administratives et financières demandées.
Créer un portail unique, pour centraliser les informations basiques des entreprises demandées de façon systématique par l'ensemble des guichets (région, BPI, Agence de l'eau...).
2 – Mettre à disposition une cartographie de l’ensemble des dispositifs de soutien existants pour permettre une vision transverse et pratique.
3 - Informer les entreprises sur les étapes d'une demande de soutien et les démarches à réaliser, dans un guide pratique pour les entreprises.