« La fonction RH reste le cœur du réacteur de nos cabinets » a déclaré le Président de l’IFEC Denis Barbarossa pour introduire le Salon RH et Management organisé par ce syndicat vendredi 21 septembre 2018 à Paris.

Sur ce point, au-delà de la question souvent rencontrée de l’attractivité de la profession et par là de l’intégration de nouveaux collaborateurs dans les cabinets, se pose également celle des conditions de travail des experts-comptables eux-mêmes. Ce sur quoi une étude sociologique s’est précisément penchée, dont la synthèse a été exposée lors du Salon RH et Management de l’IFEC par le Docteur Maria Giuseppina Bruna, Directrice de la Chaire Entreprise inclusive à l’IPAG Business School.

Quelles sources de motivation au travail pour les experts-comptables ?

Contrairement aux idées reçues, les experts-comptables adorent leur travail ! Selon l’étude menée par Maria Giuseppina Bruna, ce sont des professionnels passionnés par les relations humaines variées qu’ils nouent dans le cadre de leur métier. Ils sont aussi très sensibles à l’intérêt intellectuel de leur travail et à sa complexité. Ils sont attirés par l’autonomie et la liberté que procure l’exercice d’une profession libérale, et cultivent le goût d’entreprendre. Les experts-comptables sont également animés de valeurs et apprécient que leur cabinet en soit le reflet.

L’expert-comptable sous pression…

Les professionnels du chiffre sont des passionnés. Mais au travail, passion rime facilement avec pression… Et de fait, les sources de stress s’avèrent multiples dans les cabinets comptables. L’étude de Maria Giuseppina Bruna en isole plusieurs :

• un environnement complexe et changeant, marqué par une instabilité réglementaire et l’extension de la responsabilité de l’expert-comptable ;
• un contexte hautement concurrentiel, une pression sur les prix et une volatilité croissante de la clientèle ;
• des problématiques d’organisation du travail et de management en cabinet : notamment la question de la pénurie des collaborateurs avec tout le cortège d’embarras que cela induit ;
• enfin, des difficultés à se projeter dans l’avenir, particulièrement en ce moment, avec le PACTE et les craintes que ce projet de loi engendre sur la pérennité de la profession.

L’étude du Docteur Maria Giuseppina Bruna met également en exergue une activité professionnelle prenante et chronophage des experts-comptables : la longueur excessive des journées, la difficulté à se déconnecter du travail pour s’accorder du temps libre, le manque de sommeil… « Théoriquement, le patron se déconnecte quand il veut. Dans la réalité, c’est la personne qui se déconnecte le moins. Plus on est dans la responsabilité juridique, professionnelle, économique d’une organisation, moins on arrive à s’octroyer le droit de se déconnecter » a commenté la sociologue.

D’où l’importance peut-être pour les experts-comptables de cultiver un sens d’équilibre entre le plaisir qu’ils trouvent spontanément dans leur travail et le risque conjoint de se laisser emporter par la passion, la pression et le stress que ce plaisir peut amener en second lieu. Après l’expert-comptable connecté, place à l’expert-comptable détaché ?

Hugues Robert