A l’ère des algorithmes et de l’intelligence artificielle, c’est l’essence même de la profession d’expert-comptable qui est mise en danger. L’intensification des discussions et débats, et les actions mises en œuvre pour endiguer l’extinction de la profession, tentent aujourd’hui de réconcilier la technologie avec les missions de l’expert-comptable par le biais d’un changement de paradigme.
Le temps d’un changement de paradigme
D’aucuns ont pu s’alarmer de la place que la digitalisation était vouée à prendre dans l’expertise comptable, parfois même au point d’ériger la profession au rang de l’un des cinq métiers les plus menacés par cette évolution technologique et selon une étude de l’Institut Sapiens, voués à disparaître d’ici 2040.
Or la profession a depuis plusieurs années montré le visage d’un Ordre combatif, prêt à déjouer l’étau exterminateur qui se resserre peu à peu. Au contraire même, cette évolution est prise comme une mutation positive, permettant un gain de temps sur les tâches à faible valeur ajoutée et un recentrage sur l'accompagnement et le conseil.
Ce changement de paradigme s'est trouvé conforté lors de la crise sanitaire. Plus que jamais, les chefs d'entreprise ont ressenti la nécessité d'avoir un expert-comptable auprès d'eux, malgré l’automatisation technologique de ses fonctions.
Des mesures encourageantes
Si l’expert-comptable doit « augmenter ses capacités » selon le Président du CNOEC Lionel Canesi, il est question pour certains non plus d’une mutation interne mais d’un réel changement de profession : l’expert-comptable deviendrait le data scientist des comptes de l’entreprise.
C’est notamment Sanaa Moussaid, alors Vice-Présidente de l’Ordre des experts-comptables, en charge du secteur Stratégie numérique, qui avait exposé en 2020 les ambitions d’un projet de data lake au service de la profession du chiffre.
Toujours dans cette volonté de prendre à bras-le-corps le sujet technologique, un partenariat avec la CNIL avait également donné lieu à une convention signée le 29 septembre 2020 pour trois ans avec l’Ordre des experts-comptables dans le but de « diffuser une culture protection des données personnelles auprès des experts-comptables, à la fois pour la mise en conformité de leur propre structure mais également dans leur rôle de proximité auprès des entreprises ». Le bilan de cette expérience devrait poser les jalons d’une coopération exemplaire de l’expert-comptable du 20ème siècle avec les chefs d’entreprise dans l’écosystème digital.
Léa Verdure
