Le développement durable, nouvel eldorado du marché du conseil ?

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Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « Le marché du conseil en RSE - Plans de décarbonation, entreprises à mission, reporting extra-financier : quelles stratégies et perspectives pour les cabinets d’ici 2025 ? » Trois questions à Flavien Vottero, directeur d’études chez Xerfi et auteur du rapport.

La RSE aurait-elle supplanté la transformation digitale chez les cabinets de conseil ?

De prime abord, les chiffres laissent en effet penser qu’avec l’essor des missions autour de la responsabilité sociale et environnementale (RSE), les cabinets de conseil ont trouvé leur nouvelle martingale. Le marché français du conseil en RSE s’est ainsi envolé de plus de 24 % par an entre 2018 et 2022 pour s’établir à près de 360 millions d’euros, d’après nos estimations. Des obligations réglementaires de plus en plus contraignantes en matière de développement durable (comme par exemple les sociétés à mission de la loi Pacte), la prise de conscience des enjeux, en particulier environnementaux, de la part des entreprises ou encore la difficulté de trouver en interne les compétences ad hoc face à ces problématiques ont à l’évidence dynamisé l’activité des acteurs du conseil. En accompagnant les entreprises dans la définition de leur raison d’être et leurs stratégies de décarbonation, les poids lourds du conseil se rapprochent des toutes puissantes directions générales, devenues sensibles à ces sujets. Ce mouvement stratégique vers le développement durable permet également aux acteurs du conseil d’attirer et de fidéliser les jeunes consultants en quête de sens dans leur projet professionnel. Pour autant, le conseil en RSE est un marché plus difficile qu’il n’y paraît. D’une part, la rentabilité de ces missions s’est révélée jusqu’ici réduite et incertaine. Les budgets consacrés à l’engagement sociétal et écologique restent aussi contenus en raison du flou entourant ces questions. D’autre part, les entreprises pourraient décider de réduire leurs coûts face au ralentissement économique et à l’inflation. Enfin, les acteurs du conseil devront éprouver leurs méthodologies et référentiels dans le domaine de la RSE pour justifier leurs tarifs. Dans ces conditions, nous prévoyons une hausse du marché du conseil en RSE de l’ordre de 18,5 % par an d’ici 2025 à environ 600 millions d’euros, soit une croissance inférieure à celle de la période 2018-2022.

La pression concurrentielle est-elle susceptible de monter d’un cran ?

Depuis 2020, l’engouement autour de la décarbonation a incité les majors du conseil stratégique à se diversifier dans le domaine. Ils ont multiplié les acquisitions et mis en place des pôles dédiés. Bain et BCG s’imposent ainsi aujourd’hui comme des acteurs clés du marché de la RSE. Les cabinets de conseil stratégique et management de taille intermédiaire - comme Sia Partners ou Eurogroup - trouvent aussi dans la RSE un important relais de croissance et un moyen d’accéder aux dirigeants pour proposer de nouvelles prestations. La concurrence pourrait donc monter d’un cran et pousser les tarifs des prestations à la baisse. Le nombre d’intervenants opérant dans ce domaine de la RSE est de fait en hausse constante. Nous en avons référencé plus de 300 en 2022. Au-delà, des acteurs para-publics et associatifs (à l’instar d’associations comme 1 % for the planet) peuvent faire de l’ombre aux cabinets privés. Dans le cadre de leurs activités de sensibilisation aux questions de développement durable, ils peuvent réaliser des rapports et des missions de conseil. Les éditeurs de solutions numériques (Fruggr ou Salesforce entre autres) peuvent aussi être des compétiteurs. Les cabinets devront par ailleurs réduire le nombre de leurs missions effectuées à titre gracieux. Celles-ci ont en effet habitué les clients à des prestations peu coûteuses, voire gratuites, dans le cadre de mécénat de compétences.

Comment impliquer les parties prenantes à la politique RSE des entreprises ?

Les parties prenantes de l’entreprise peuvent peser sur la politique RSE. C’est notamment le cas des clients. Le concept de citoyens-consommateurs a par exemple été développé au milieu des années 2000 pour que les publics prennent conscience de leur pouvoir d’influence sur les entreprises et les marques. La RSE peut aussi être un outil autour de la marque employeur pour, par exemple, communiquer auprès des candidats sur leurs actions en la matière. Mais ce sont les actionnaires qui sont les plus engagés dans les actions RSE des entreprises. En l’occurrence, les grands fonds d’investissement demandent aux sociétés dans lesquelles ils investissent de publier dans leur rapport annuel des bilans carbone et autres éléments extra-financiers relatifs à leur impact écologique. Et c’est là que les cabinets de conseil entrent dans la danse. Ils réalisent alors des audits et mènent des plans d’action. Pour se positionner sur ce marché en plein essor, les grands cabinets de conseil généralistes explorent alors plusieurs pistes : la création de divisions RSE, le rachat de cabinets spécialisés ou la conclusion de partenariats. Les spécialistes historiques du conseil en RSE enrichissent régulièrement leur offre en développant de nouvelles practices. Le cabinet bp2r et sa solution Sightness d’analytique avancée des performances transport sont devenus partenaires de Carbone 4, cabinet spécialisé en transition bas-carbone, pour accompagner les entreprises dans la décarbonation de leur transport.

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