Dans un monde professionnel en constante évolution, les entreprises cherchent sans cesse à améliorer la qualité de vie au travail de leurs employés tout en maintenant leur efficacité opérationnelle. Selon deux études récentes, la semaine de quatre jours émerge de plus en plus comme une solution prometteuse mais compliquée à mettre en place.
Fin janvier, lors de son discours de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal a demandé aux ministères d’expérimenter dans leurs administrations la semaine en 4 jours sans réduction du temps de travail. Une perspective qui devrait être précisée dans ses modalités lors d’un séminaire gouvernemental prévu le 27 mars.
Cette organisation du temps de travail a déjà été éprouvée et adoptée par certains pays européens comme l'Islande, l'Écosse, la Belgique et l'Espagne. Quant au Royaume-Uni, après deux ans de tests, la semaine de quatre jours fait des adeptes jusque dans l'administration. En France, depuis le 1er septembre 2023, la métropole de Lyon, qui compte 9 600 agents, expérimente la semaine de 4 jours. 300 volontaires et la quasi-totalité des services sont concernés. Les premiers retours semblent favorables.
Dans le privé, salariés et dirigeants majoritairement favorables
Les entreprises s’interrogent également sur cette nouvelle organisation du travail, avec dernièrement deux études, aux thèmes plus vastes, mais qui se sont penchées sur la question. La première est le baromètre de l’économie réalisé par Odoxa pour AGIPI, Challenges et BFM Business qui révèle que trois quarts des actifs (77 %) se disent prêts à concentrer leur temps de travail hebdomadaire sur 4 jours. La seconde est une enquête sur le phénomène de procrastination au sein des entreprises réalisée par Flashs pour l’hébergeur web Hostinger auprès de dirigeants et managers. Le résultat est sensiblement le même (67%) même si la mise en application leur semble difficile à mettre en œuvre.
La problématique est donc de déterminer comment mettre en place cette nouvelle organisation du temps de travail., notamment dans la gestion des ressources humaines. Les résultats de l’étude Flashs montrent que 58% des dirigeants estiment que cela leur serait impossible ou difficile contre 40% qui pensent au contraire que la chose serait plutôt aisée. Si ils voient plusieurs avantages à la semaine de 4 jours, comme une augmentation globale de productivité (55%), une amélioration du bien-être des salariés (71%), une meilleure attractivité (66%) ou encore la possibilité de réduire l’absentéisme (61%), ils pointent dans le même temps de potentielles difficultés. Certains anticipent la possibilité d’une augmentation de la procrastination chez leurs collaborateurs, sujet initial de l’enquête Flashs (40% le pensent contre 31% qui ne sont pas d’accord), et craignent, pour 48%, qu’une telle mesure compromette la bonne organisation de leur entreprise.
Évaluation de la marge de manœuvre juridique
Quoiqu’il en soit, une analyse en amont du cadre réglementaire est nécessaire. Bien que le Code du travail ne prévoie pas explicitement la semaine de quatre jours, il faut se référer aux textes concernant la durée maximale du temps de travail quotidien et hebdomadaire. En France, la durée légale du travail de 35 heures par semaine, avec ses dispositifs d'aménagement, permet en théorie d'approcher d’une semaine de quatre jours.
La mise en place d'une telle organisation peut se faire par décision unilatérale de l'employeur, sous réserve de respecter certains formalismes et de consulter les CSE dans les entreprises d’au moins 50 salariés. Pour les entreprises de moins de 50 salariés, l’employeur peut décider seul la mise en place ou non de la semaine de 4 jours. Néanmoins, employeurs et salariés ont tout intérêt à entamer un dialogue sur le sujet afin d’éviter autant que possible d’éventuelles crispations, voire des démissions.
Relever des nouveaux défis grâce à des organisation flexible et sur-mesure
Sur le plan juridique, deux voies sont envisageables : organiser la semaine de quatre jours de manière permanente ou l'aménager selon les besoins de l'entreprise, que ce soit sur une base hebdomadaire ou pluri-hebdomadaire. Cette flexibilité permet aux entreprises de s'adapter à leur contexte spécifique. Cependant, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne l'accord des salariés, le rôle des managers et la gestion opérationnelle. Il est primordial d'adopter des outils de suivi et de planification adaptés pour garantir une transition fluide vers cette nouvelle organisation du temps de travail. Dans ce processus, les conventions collectives, par secteur, peuvent également aider les organisations à définir les modalités spécifiques à chaque secteur d'activité.
Consultez les études :
Baromètre de l’économie par Odoxa pour AGIPI, Challenges et BFM Business
Les dirigeants d’entreprises & la procrastination par FLASHS pour Hostinger