Konica Minolta a publié la seconde édition de son « Baromètre de la sérénité numérique, édition 2023 », réalisée avec l'institut Occurrence (groupe IFOP) auprès de 500 PME françaises. Cette étude analyse leur perception de la transformation numérique, les obstacles et risques rencontrés, et met en lumière leurs priorités, leur approche du Green IT, l'impact des évolutions de l'IA, et les critères essentiels dans le choix de partenaires experts. Jonathan Leyva, PDG de Konica Minolta Business Solutions France, nous commente les grands enseignements de l’étude.
Pouvez-vous tout d'abord nous dresser un état des lieux concernant la transformation numérique des PME ?
En 2023, la perception de la transformation numérique est un sujet crucial mais ambivalent, entouré de préoccupations et de défis persistants. En effet elle est perçue comme une opportunité surtout par les jeunes et les professionnels de l'informatique, avec une croyance moindre chez les dirigeants et les fonctions administratives. Nous observons que la transformation numérique est souvent vue comme une obligation plutôt qu'une évolution choisie et une opportunité, mettant en évidence les divergences de perception en fonction de l'âge et du rôle dans l'entreprise.
La transformation numérique bien que perçue comme essentielle fait face à des préoccupations, freins et défis. En effet, une majorité de professionnels (69%) exprime des inquiétudes à son égard, avec des niveaux de préoccupation plus élevés chez les dirigeants. 4 principaux obstacles sont révélés : le coût élevé, le temps, le manque de compétences et la peur du changement. La nécessité d'accompagner les organisations à surmonter ces obstacles est flagrante dans cette transformation.
Le baromètre identifie 3 risques majeurs : le piratage des données (64%), l'indisponibilité du système d'information (36%), et les attaques DoS (30%). Sur ces sujets nous apprenons que acteurs s'informent des risques grâce à leurs prestataires (64%), suivis par les médias (27%) et les organisations professionnelles (20%). L'État est également une source d'information pour 15% d’entre eux. Encore une fois la nécessité pour les entreprises de trouver le bon partenaire de confiance est donc clé dans la réussite de leur mutation technologique.
Le top 5 des sources de stress inclut la reprise d'activité après une attaque (28%), la sécurisation des accès distants comme la mise en place de VPN (20%), la formation du personnel aux nouveaux outils (19%), la prévention des pannes (18%), et la mise à jour des processus d'ERP (15%).
À ce stade, nous constatons un paradoxe : alors que les risques majeurs liés à la digitalisation qui ont été identifiés par notre étude sont confirmés dans le rapport Sophos 2023 qui indique que 70% des entreprises ont subi une tentative de cyberattaques, les dirigeants, bien que très concernés par le piratage des données, se déclarent moins préoccupés par la sécurité des accès cette année. Ce paradoxe souligne l'urgence d'une meilleure sensibilisation et d'un accompagnement renforcé pour une transition numérique sûre et efficace.
L’actualité autour de la mise en place de la facture électronique illustre que la dématérialisation est considérée comme inévitable mais n’est pas encore pleinement exploitée par manque de connaissance des bénéfices.
Les principales associations faites avec la dématérialisation sont la réduction du papier (31%), la difficulté de prise en main, surtout parmi les seniors (13%), et la reconnaissance de son caractère nécessaire pour l'optimisation quotidienne (12%). La circulation des documents dématérialisés est dominée par les documents administratifs (96%), le suivis des données financières (78%) et des données confidentielles clients (65%). Les vidéos sont également mentionnées (33%), particulièrement chez les 45-54 ans.
L'importance accordée au numérique par les acteurs a augmenté de 21 points en 2023 pour atteindre 58%, avec une appréciation moyenne de l'importance située entre 4 et 4,5 sur 5. Cependant, il est important de constater que 30% des répondants consacrent peu de temps à la transformation numérique, s'y engageant seulement de manière trimestrielle à annuelle.
Nous observons que bien que la dématérialisation soit une réalité incontournable, une prise de conscience et des efforts supplémentaires sont nécessaires pour une transition et une adoption complète car au-delà des coûts engagés et du temps consacré à sa mise en place, les bénéfices sont nombreux sur le long terme, il faut donc garder le cap !
Quelles sont les principales pistes de réflexion afin d'accélérer ce processus de transformation ?
L'étude s'est également intéressée aux préférences des entreprises en matière de partenaires pour leur transformation numérique, mettant en évidence une hiérarchie claire dans les choix et les critères de sélection.
Si 42% des entreprises font appel à au moins un prestataire externe, plus de la moitié ne bénéficient d'aucun accompagnement externe. Parmi les raisons de cette absence de prestataire, les entreprises citent : la présence d'une équipe interne (43%), les difficultés à trouver un prestataire adéquat (14%), les questions de financement et le coût (11%). Quand les entreprises choisissent d’être accompagnées, les intégrateurs et les revendeurs sont les partenaires les plus prisés, tandis que les spécialistes de la téléphonie sont moins sollicités. Trois critères principaux de sélection des partenaires sont identifiés : la confiance envers le prestataire (65%), la sécurité des solutions proposées (56%), le délai d’intervention du service après-vente (53%).
Je trouve particulièrement intéressant le contraste entre l'importance du coût dans la sélection d'un prestataire et son faible rang parmi les freins initialement exprimés, ainsi que la moindre importance accordée à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) face aux critères de métier et d'excellence opérationnelle.
Une tendance de fond vers un numérique plus respectueux de l’environnement, mais pas à n’importe quel prix. Konica Minolta est un acteur historique en matière de RSE et leader dans la lutte contre le changement climatique. En effet, depuis 1972, le département dédié à la protection de l’environnement de Konica Minolta travaille à l’intégration des aspects économiques, environnementaux et sociaux à travers toutes ses activités. Nous notons donc avec intérêt l'attitude des entreprises envers les normes Green IT, révélant une préoccupation limitée mais un optimisme pour les bénéfices éventuels.
Plus de deux tiers des répondants ne se disent pas préoccupés par les normes RSE et de développement durable en IT, y compris 70% des dirigeants, 65% des DAF et 66% des DSI. 39% voient ces normes comme une contrainte, surtout parmi les jeunes de 26-34 ans.
Il y a néanmoins un optimisme général, avec 64% des participants estimant que les normes Green IT sont bénéfiques pour l’écosystème IT des entreprises, en particulier parmi les DSI (73%) et les jeunes (75%).
En ce qui concerne l'engagement financier, moins de la moitié des entreprises (44%) sont prêtes à investir davantage dans des solutions IT respectueuses de l'environnement. Paradoxalement, bien qu'une majorité voie les avantages, 51% des dirigeants et 50% des DAF ne seraient pas prêts à payer plus pour un IT plus vert.
En conclusion sur ce sujet crucial des normes Green IT, l'engagement financier des entreprises reste modéré. Ce qui interpelle sur une prise de conscience plus profonde et la volonté d'investir dans un IT plus durable.
Qu'en est-il du télétravail, de la généralisation du cloud et de l'IA ?
L'étude sur le travail à distance révèle un changement d'attitude depuis la pandémie de Covid-19. La perception positive du télétravail a diminué, passant de 82% en 2022 à 69% en 2023, une baisse notable qui n'est toutefois pas attribuée aux systèmes d'information des entreprises.
La sécurisation des données reste un élément clé pour une expérience réussie de télétravail, bien que l'inquiétude à ce sujet ait baissé de 9 points par rapport à l'année précédente. Le niveau de stress lié à la transition numérique est stable à 3,5 sur 5, indiquant que les compétences accrues mènent à une meilleure adaptation.
La généralisation du télétravail est perçue différemment selon les profils professionnels :- les dirigeants sont 62% à y être favorables, malgré une baisse de 15 points ;
- les directeurs ou responsables des services informatiques sont 87% en faveur ;
- les personnes de 60 ans et plus sont moins enthousiastes, avec seulement 52% de réponses positives.
En ce qui concerne l'adaptation des systèmes d'information aux nouveaux modes de travail, 73% des sondés estiment que leur SI est adéquat, et cette confiance monte à 90% chez les directeurs ou responsables des services informatiques.
Nous observons que l'attitude des dirigeants envers le télétravail est un indicateur crucial. La majorité voit toujours les avantages du travail à distance, mais il y a une tendance à une modification des perceptions, ce qui souligne la nécessité d'aborder cette transition de manière prudente et stratégique.
L'étude indique que l'adoption du cloud dans les entreprises est en croissance en 2023, avec 53% des répondants utilisant des outils cloud, particulièrement dans le secteur des services et parmi les directeurs informatiques.
Les avantages reconnus du cloud sont le travail collaboratif (100% des profils), la facilité d'accès et d'utilisation (54% des moins de 26 ans), et la sécurité des données (32% des 55- 59 ans). Cependant, 29% s'inquiètent toujours de la sécurité des données, bien qu'il y ait une baisse par rapport à 2022.
Les critères prioritaires pour le choix d'un prestataire cloud sont la localisation du stockage des données en France, la protection des données personnelles, et les conditions tarifaires. Le modèle SaaS est le plus populaire (40%), particulièrement chez les DSI (54%), tandis que les modèles IaaS et PaaS ont des taux d'adoption de 16% et 11%, respectivement.
La préférence va au Cloud Privé (46%), devant le modèle Hybride (32%) et le Public (8%).
En résumé, l'utilisation du cloud en 2023 montre une adoption croissante mais prudente, avec une reconnaissance des avantages tout en restant vigilant face aux inconvénients, notamment en matière de sécurité.
Quant à l’IA, l'étude révèle que l'intelligence artificielle (IA) dans la transformation numérique est accueillie avec une préoccupation modérée par les acteurs de l'entreprise. Seulement 29% des participants se sentent concernés par les évolutions liées à l'IA, avec un niveau d'inquiétude inférieur chez les dirigeants (25%) et les DAF (26%), et légèrement plus élevé chez les DSI (35%).
Il y a un manque d'information notable : seulement 42% se considèrent bien informés sur le sujet. Cependant, ce manque de connaissance ne se traduit pas par un niveau de stress élevé : 89% des répondants ne se sentent pas stressés par l'IA, avec un niveau de stress mesuré à 1,4 sur 5 pour toutes les catégories professionnelles.
Nous constatons que malgré l'importance croissante de l'IA, de nombreuses entreprises restent en retrait par rapport à ces évolutions. Cela nous interroge sur l'impact à long terme de cette approche détachée sur leur compétitivité sur le marché.
Téléchargez l'intégralité de l'étude de Konica Minolta.