La part des créations d'entreprise par des auto-entrepreneurs est de plus en plus importante. En 2020, la hausse a été encore plus forte malgré le Covid, ou grâce à lui. Pascal Ferron, Associé Walter France et Fondateur de l'application monentrepriz.com, explique pourquoi il s'agit là d'un véritable phénomène de société.
Depuis 2009, le nombre d'auto-entrepreneurs ne cesse d'augmenter. En 2020, si la création des sociétés « classiques » (SARL, SA, etc.) a été relativement stable, l'engouement pour le statut d'auto-entrepreneur s'est confirmé avec une augmentation significative des créations d'activités.
Un engouement qui reflète un fort dynamisme de l'entrepreneuriat
Les auto-entrepreneurs forment un ensemble totalement hétérogène de personnes, qui sont actives dans une multitude de secteurs d'activités, rendant les analyses globales peu pertinentes. De plus, jusqu'à une période récente, l'image de l'auto-entrepreneur souffrait de préjugés tels que « les gens font ça par contrainte après avoir été licenciés », « ce ne sont que des petits boulots sans intérêt », « ils ne font pas de chiffre d'affaires », etc. Pour Pascal Ferron, cette analyse est totalement biaisée et ne reflète absolument plus la réalité d'aujourd'hui. En 2020, le nombre d'auto-entrepreneurs (dont le nom avait été changé en micro-entrepreneurs) a considérablement augmenté, malgré la pandémie. Selon lui, il s'agit d'une véritable vague de fonds, les individus étant de plus en plus en quête de sens, y compris dans leur quotidien professionnel. Et la crise du Covid-19, avec ses confinements et ses couvre-feux, a grandement favorisé les longues périodes d'introspection, pendant lesquelles nombreux sont ceux qui ont réfléchi à leur stratégie personnelle. Et pour certains, cela a agi comme un véritable déclic : pourquoi attendre encore afin de faire ce dont je rêve depuis longtemps ?
Un statut tremplin qui peut devenir pérenne
Cette réflexion conduit un grand nombre de personnes à avoir envie d'entreprendre afin d'initier une activité qui leur plaît vraiment. Ils ont cette envie mais peuvent être parfois hésitants face à la complexité administrative qu'ils perçoivent de la création d'entreprise. C'est tout naturellement alors qu'ils optent pour le statut de la micro-entreprise. Ne sachant pas si leur nouvelle activité va bien fonctionner, ce statut leur permet de faire un galop d'essai. Certes, pour certains, leur activité ne décollera jamais. En revanche, pour d'autres, cela peut rapidement leur procurer un revenu tout à fait correct. Pour rappel, à ce jour les plafonds de chiffre d'affaires s'élèvent à 70 000 euros pour les prestations de services et à 170 000 pour les activités d'achat-revente. Prenons l'exemple d'un auto-entrepreneur qui réalise 70 000 euros de chiffre d'affaires, si l'on soustrait les impôts, les charges, les cotisations sociales, cela peut représenter autour de 36 000 euros de revenu net, soit nettement plus que le Smic, il en vivra fort bien ! Et Pascal Ferron côtoie de plus en plus de créateurs d'entreprise qui ont choisi volontairement ce statut et qui, soit vivent pleinement de leur passion avec enthousiasme, soit la développent en parallèle de leur activité salariée ou de leur retraite.
Des chiffres d'affaires en hausse
En 2020, 548 000 auto-entrepreneurs se sont lancés, c'est tout de même plus d'un demi million de Français ! Même si la moitié disparaissait à l'horizon de trois ans, ce seraient tout de même 250 000 entrepreneurs qui perdureraient. En cumul, ce sont aujourd'hui environ deux millions de personnes en France qui sont auto-entrepreneurs, soit près de 3 % de la population et près de 10 % de la population active ; et ce chiffre augmente tous les ans.
Le chiffre d'affaires moyen, de 11 298 euros, comme toute moyenne, ne veut rien dire en soi. A ce jour, 80 % des auto-entrepreneurs réalisent un chiffre d'affaires, contre 20 % qui ne réalisent aucune vente. Pour certains, c'est un revenu complémentaire, pour d'autres, c'est leur revenu principal. En 2018, seize secteurs d'activités concentraient 75 % des auto-entrepreneurs. Parmi eux, la construction (11,8 %), les arts, spectacles et autres activités récréatives (6,9 %), les transports (5,8 %), le conseil (5,8 %), l'industrie (5,4 %), la santé (4,9 %), l'enseignement (4,3 %) ainsi que la coiffure et les soins du corps (4,2 %) regroupent plus de 40 % des auto-entrepreneurs administrativement actifs.
Des situations très disparates
Pour certains, le statut d'auto-entrepreneur est un galop d'essai qui n'aboutira pas, certes. Mais pour d'autres, cela leur permet d'en vivre, et le plus souvent grâce à une activité qui leur plaît. Enfin, nombre d'auto-entrepreneurs ont un double statut, salarié, étudiant ou retraité. 19 % des auto-entrepreneurs ont moins de trente ans et 12 % ont plus de soixante ans.
Deux chiffres démontrent que ce statut permet véritablement un épanouissement personnel. En effet, un auto-entrepreneur sur trois cumule son activité avec un emploi salarié dans le secteur privé. Et lorsqu'ils sont salariés, les auto-entrepreneurs le sont, pour 78 % d'entre eux, dans un secteur différent de celui de leur emploi.
Pour Pascal Ferron : « Lorsqu'on parle des auto-entrepreneurs, évitons de faire des amalgames. Ce statut regroupe une multitude de cas particuliers et d'entrepreneurs qui choisissent cette formule car ils veulent vivre d'une activité qui leur convient, sans ambition de devenir une entreprise du CAC 40... Ils veulent profiter de leur vie personnelle, voir leurs enfants, faire du sport. Parmi les 548 000 créations de 2020, 95 000 le sont dans une « activité spécialisée et technique » : on est loin du cliché du coursier. Les auto-entrepreneurs ont désormais toute leur place dans le paysage de l'entrepreneuriat, leur choix de vie et leur dynamisme sont de bon augure pour l'économie française ! Parions que cela va encore fortement progresser dans les mois et années à venir. »