Troisième grande conférence thématique proposée lors du Congrès 2020 du CSOEC : comment résoudre l'équation du management pour les cabinets comptables ?
Pour apporter des éclaircissements sur ce point, plusieurs intervenants : Laure Closier, journaliste pour BFM Business qui anime la table ronde ; Thierry Onno, expert-comptable, Co-Rapporteur du Congrès et Président du comité Management des cabinets du CSOEC ; Pascal Dupraz, entraîneur du SM Caen et ancien entraîneur du TFC ; Cyril Pierre de Geyer, CEO de Rocket School et professeur affilié HEC ; Arnaud Gilberton, CEO de Idoko.
Après la stratégie de la bienveillance, de la quête de sens, la recherche d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle est au centre des préoccupations des experts-comptables. Pour Thierry Onno, le mythe de l’expert-comptable qui arrive en premier et part en dernier a fait son temps. Avec la crise sanitaire, les collaborateurs cherchent une raison pour venir au bureau à la rencontre de leur manager.
Quelle est la différence entre un bon et un mauvais manager ?
Selon la méthode Pascal Dupraz, « aimer les personnes que l’on dirige » est la condition sine qua none à toute méthode de management. Il ajoute que le management est la combinaison de multiples facteurs : empathie, réalisme, exemplarité, sens de la justice.
Le manager doit fixer un cadre, clair et compris de tous, mais suffisamment large pour laisser un espace d’initiative aux collaborateurs. Pour Thierry Onno, ces conseils peuvent convenir à l’expertise comptable.
Faire confiance à ses collaborateurs et déléguer
L’expert-comptable doit prendre une nouvelle habitude : déléguer ! Selon Arnaud Gilberton, « on a tendance à chercher des gens qui nous ressemblent, par facilité. Mais cultiver les différences, non seulement cela délivre de la performance, mais cela permet d’apprendre. Et un manager heureux, c’est quelqu’un qui apprend au contact de ses collaborateurs » ; tendance que Pascal Dupraz a constaté dans son vécu, il reconnaît avoir commencé par s'entourer de collaborateurs « exécutants » avant de rechercher « des personnes plus intelligentes que lui » : « ils sont spécialistes de leur domaine et moi, je reste un généraliste ».
« Les hard skills s'apprennent, les soft skills beaucoup moins »
Selon Cyril Pierre de Geyer, les dernières générations arrivant sur le marché du travail ne cherchent plus à tout prix un CDI. Ce Graal tant désiré par leurs parents est remplacé par une quête de valeur et de sens dans le travail. Les fiches de poste ne peuvent plus ressembler à une liste de tâches, mais devront définir quel va être le rôle du candidat au sein de l’organisation.
Cette évolution de perception du travail a un impact sur les critères de recrutement. Pascal Dupraz précise : « Il faut quand même le minimum syndical en termes techniques. » Thierry Onno préfère dire que « les hard skills s’apprennent, les soft skills beaucoup moins ». Selon Arnaud Gilberton, pour comprendre si le candidat à les soft skills nécessaires, il faut créer un climat de confiance lors de l’entretien afin de laisser le candidat s’exprimer. Un bon moyen de cerner ses qualités est de poser des questions sur ses motivations lors de ses expériences précédentes.
Le management est en pleine mutation tant grâce aux évolutions sociétales qu’à cause de la crise sanitaire. Intégrer ces nouveaux modes de fonctionnement aidera les managers à rendre les équipes plus performantes et plus heureuses au travail.
Yannick Nadjingar-Ouvaev