« Nous considérons qu’il faut moderniser les pratiques managériales pour fidéliser les équipes »

A LA UNE
Outils
TAILLE DU TEXTE

Récemment élus Co-Présidents du Club des Jeunes Experts-Comptables et Commissaires aux Comptes (CJEC), Laurie Stromboni et Abderrahman Mekdad, nous exposent leur vision du métier et leur programme pour cette nouvelle mandature.

Quel type de professionnels du Chiffre accueillez-vous au sein du CJEC, indépendants ou salariés ?

CJEC : La seule condition pour adhérer au CJEC est d’être inscrit à l’Ordre des Experts-Comptables ou à la Compagnie des Commissaires aux Comptes, quel que soit le statut : salarié, indépendant ou associé. Cependant, il faut avoir moins de cinq ans d'inscription au tableau de l’Ordre. Cependant, les mémorialistes et les jeunes diplômés de moins de 5 ans, même non-inscrits à l'Ordre, peuvent aussi adhérer au CJEC 

Est-ce difficile pour un jeune expert-comptable ou CAC de s’installer dans la profession ?

CJEC : Oui, il y a des obstacles. Les principales difficultés concernent les coûts, le réseau et le développement professionnel. Pour répondre à ces problématiques, le CJEC a noué des partenariats avec des éditeurs de logiciels et d'autres acteurs du métier pour réduire les coûts liés à l’installation. Par ailleurs, sachant que lorsque l’on s’installe seul ou même en association, on se demande souvent comment font les autres, nous avons mis en place l’accompagnement réseau.  Il s’agit d’une initiative qui permet aux adhérents de partager leurs expériences sur des sujets variés, comme le recrutement de collaborateurs ou de clients.

En tant que nouveaux co-présidents, quelles actions avez-vous prévues pour cette mandature ?

CJEC : Nous allons travailler sur les 28 propositions du projet « Impulsion » que nous venons d’initier avec l’ANECS. Elles tournent autour de trois grands thèmes : le management, la data et les évolutions de la profession. Nous allons mettre en place une plateforme dédiée pour approfondir ces thématiques et donner davantage de visibilité à nos idées. De manière générale, nous avons élaboré une feuille de route dans la continuité des actions du CJEC. Ainsi, nous préparons « Les Estivales 2025 ». Il s’agit d’un congrès biennal, organisé conjointement avec l’ANECS dans l’objectif de proposer des formations à tous les professionnels du chiffre et pas seulement aux jeunes.  Nous projetons également de reconduire notre évènement sportif, « Les Olympiades », que le CJEC vient de lancer en 2024. Il favorise les rencontres entre adhérents dans un cadre convivial, tout en intégrant des formations.

Nous allons également poursuivre « Le Parcours Associé », un projet Initié en 2023 qui aide les professionnels à devenir associés en leur donnant des clés pour réussir cette transition. Nous prévoyons de le dupliquer avec un parcours dédié à la création d’un cabinet ex-nihilo.

Quelles nouveautés comptez-vous impulser au sein du CJEC ?

CJEC : Nous voulons mettre en avant des missions comme le conseil financier et la gestion de patrimoine. Cela inclut la mise en relation avec des réseaux spécialisés et des partenaires pour accompagner les professionnels dans le développement de ces services.

Le CJEC affiche aussi un programme sur le plan international, qu’en est-il ?

CJEC : Nous travaillons sur plusieurs initiatives. Un questionnaire international est en cours pour mieux cerner les attentes des adhérents concernant les missions transfrontalières et l’expatriation. Nous avons signé une convention avec l’association des jeunes experts-comptables de Tunisie et sommes en discussion avec une école canadienne pour renforcer les partenariats.

LMC : Que dites-vous des difficultés de recrutement auxquelles la profession doit faire face ?

CJEC : Le recrutement est devenu un véritable défi dans notre profession. Ce n’est pas seulement une question de pénurie de talents, mais aussi de fidélisation. Et là, le management joue un rôle crucial. Trop souvent, les cabinets peinent à attirer ou à garder des collaborateurs parce que leurs pratiques managériales ne sont pas adaptées aux attentes des nouvelles générations. En effet, les jeunes professionnels recherchent aujourd’hui un cadre de travail stimulant et flexible, des opportunités d’évolution, et un management humain et bienveillant. Un recrutement raté, où le collaborateur quitte le cabinet peu de temps après son arrivée, peut avoir des effets désastreux, non seulement sur le moral des équipes restantes, mais aussi sur l’attractivité de la profession en général.

Nous considérons qu’il faut moderniser les pratiques managériales pour offrir plus de reconnaissance, de confiance et d’accompagnement. Les cabinets qui savent le faire fidélisent bien mieux leurs équipes. C’est pourquoi, au CJEC, nous mettons l’accent sur des formations et des outils pour aider nos adhérents à améliorer leurs compétences managériales. Ainsi, la première de nos 28 propositions du projet « Impulsion » consiste à former les managers à la Communication Non Violente (CNV).  

Comment vous situez-vous par rapport à l’intelligence artificielle ?

CJEC : L’IA permet d’automatiser la production comptable, libérant du temps pour des missions à forte valeur ajoutée. Les logiciels intègrent déjà des outils basés sur des automatisations avancées. Nous pensons que la généralisation de la facturation électronique accélérera encore ces évolutions.

S'agissant de la directive CSRD, quel est son impact sur la pratique des jeunes experts-comptables et CAC ?

CJEC : Les commissaires aux comptes sont en première ligne face à la directive CSRD, qui offre de nouvelles opportunités de missions. Nous sommes à un stade préliminaire pour les PME, mais il est essentiel que les jeunes se forment dès maintenant pour répondre aux futurs besoins.

Un dernier mot sur vos attentes pour améliorer le métier ?

CJEC : Tout est dans notre projet « Impulsion ». Nous restons à l’écoute des adhérents et en lien avec les instances pour porter des propositions concrètes sur le management, la data, et les nouvelles missions. Notre ambition est de continuer à accompagner, représenter et informer les jeunes professionnels.

 Propos recueillis par Samorya Wilson

Les Annuaires du Monde du Chiffre